À vue d’oeil est un livre photo de 124 pages et de 77 images réalisées au petit format entre 2017 et 2020. Les images sont imprimées numériquement en quadrichromie. J’ai réalisé ces photographies dans différents cadres urbains, se trouvant pour la plupart en Suisse. Les cadrages sont verticaux et horizontaux. On y voit des gens souvent seuls, qui restent anonymes grâce à des jeux de cadrage. De plus, il y a des petits textes qui peuvent éveiller la réflexion du lecteur. Dans cet ouvrage, j’ai voulu développer une narration en créant un espace spatio-temporel fictif:
comme si toutes ces images avaient été prises en une seule journée, du lever au coucher du soleil, dans une ville fictive, qui est en fait l’assemblage de fragments urbains que j’ai capturés autour de moi. Je n’ai pas voulu me focaliser sur un seul type de lumière, ça n’aurait pas été représentatif de ma pratique. Cette balade se déroulant sur un jour complet suit parfaitement ma manière de photographier : du soir au matin, je suis toujours aux aguets.
Le livre me semblait être un objet parfaitement adéquat pour rendre hommage à un être cher que j’ai perdu cette année.
Je ne voulais pas être trop explicite à ce sujet : j’aime les oeuvres qui renferment des secrets ; mais j’ai laissé quelques indices pour celui qui voudra chercher. Le livre nous rappelle que nous sommes tous, malgré-nous, des vagabonds qui errons dans le monde, et que c’est ce qui crée toute la richesse des hasards de la vie. À vue d’oeil crée une sorte de chemin cyclique imaginaire, montrant ainsi que malgré tout ce que l’on peut croiser ou perdre en route, le mouvement entamé depuis la nuit des temps continuera son cours. Les quatre petits textes répartis à travers le livre se font discrets, mais peuvent mettre sur la piste de cette réflexion.